Cette fois, c’est la dernière ligne droite pour les premiers scrutins en République Démocratique du Congo (RDC).
Après trois années d’une transition chaotique, le peuple congolais est appelé aux urnes le 30 juillet et la campagne débutera officiellement le week-end prochain.
Une campagne qui, pour le scrutin présidentiel, voit s’affronter officiellement 33 candidats.
Mais dans ce gigantesque Etat d’Afrique central, rare sont ceux qui pourront se permettre de mener une campagne dans les 11 provinces distantes de plusieurs centaines de kilomètres.
Dans les faits, trois “grands” candidats se dégagent déjà. D’un côté, on trouve le président de cette transition, le jeune Joseph Kabila, de l’autre, le vice-président Jean-Pierre Bemba et, enfin, un outsider de poids : Pierre Pay Pay, ancien ministre des Finances du Zaïre du Maréchal Mobutu.
Point commun entre ces trois hommes : ils disposent des fonds et des moyens nécessaires pour s’offrir une campagne nationale.
Ces trois hommes et leurs appareils politiques ont déjà commencé à bâtir leur plate-forme. Des conglomérats, souvent hétérogènes, de formations politiques qui doivent permettre à ces candidats de disposer d’une base électorale élargie.
La semaine dernière, Jean-Pierre Bemba avait lancé son Regroupement des Nationalistes Congolais (RENACO), tandis que Pierre Pay Pay lançait sa Coalition des Démocrates congolais (CODECO). Le week-end dernier, le président Joseph Kabila a jeté les bases de son Alliance pour la Majorité présidentielle (AMP).
Trois plates-formes qui ont déjà “assimilé” quelques-uns des 33 candidats à la présidence et qui démontrent que ces trois-là entendent bien jouer les premiers rôles pour le scrutin du 30 juillet.
Joseph Kabila a très certainement frappé fort en parvenant à ramener au sein de son AMP, l’ancien président de l’Assemblée nationale Olivier Kamitatu, souvent présenté comme le principal candidat au poste de Premier ministre en cas de victoire de cette plate-forme aux scrutins présidentiel et législatif.
Cette nouvelle structure est aussi, et sans conteste, le regroupement politique le plus important puisqu’il peut compter sur 2.561 candidats aux législatives, sur les 9.600 inscrits, soit plus de 25 % des candidats.
Certes, la partie n’est pas encore gagnée, mais en parvenant à se bâtir une telle infrastructure, le président sortant a frappé fort et peut espérer réussir son pari fou qui consisterait à remporter le scrutin présidentiel dès le premier tour.
Une victoire cruciale selon Olivier Kamitatu qui a fait ses calculs. “Si un candidat ne s’impose pas au premier tour, le Congo risque de vivre des mois particulièrement chauds. En effet, le second tour ne pourra être organisé avant la mi-septembre au plus tôt et le verdict final ne serait alors annoncé que six semaines plus tard et le nouveau gouvernement ne pourrait réellement commencer à travailler qu’en toute fin d’année…”
Un délai qui ne ferait qu’accroître les tensions potentielles dans ce géant qui rêve de connaître enfin la stabilité.
Hubert Leclercq – La Dernière Heure