Pierre Pay Pay wa Syakassighe, ancien gouverneur de la banque centrale sous le régime de Mobutu, se prévaut de son expérience de grand argentier pour gérer l’ex-Zaïre, ruiné par des décennies de corruption, de mauvaise gestion et de guerres.
Surnommé dans les années 80 “l’homme le plus liquide du pays”, il cherche aujourd’hui à tirer avantage de cette distinction populaire en affirmant, selon ses proches, qu’il ne fait pas campagne par goût du pouvoir ou de l’argent, deux choses qu’il a déjà, mais parce qu’il est “porteur d’un véritable projet, un projet de société, axé sur la réconciliation”.
A la tête de la Coalition des Démocrates congolais (CODECO), qui regroupe une vingtaine de partis et associations, l’ancien argentier du maréchal Mobutu Sese Seko met en avant expérience et réseaux pour promettre de bâtir “un Etat puissant et moderne”.
A 60 ans, Pierre Pay Pay, dit “P3”, se donne comme priorités la bonne gouvernance et la consolidation de la paix dans l’ex-Zaïre. Et le discours de cet homme courtois, qui accuse les ex-belligérants au pouvoir d’avoir aggravé la crise économique et sociale, semble séduire diplomates et investisseurs étrangers.
Ce diplômé en sciences économiques s’est lancé en 1969 dans les affaires et est devenu rapidement un personnage influent au sein du patronat zaïrois. En 1980, il est devenu commissaire d’Etat (ministre) à l’Economie avant de prendre quatre ans plus tard la tête de la Gécamines, à l’époque la plus grosse société minière du pays. Ce collaborateur zélé du régime mobutiste a été régulièrement récompensé par des primes et promotions, devenant en 1985 président de la Banque centrale où il restera six ans. Originaire des provinces de l’est du pays, il se prévaut de l’appui de la communauté de son père – un Nande du Nord-Kivu – et de celle de sa mère – une Shi du Sud-Kivu -, deux groupes ethniques importants.